Beverly Hills, June 2001
Truxton Orcutt, à l'instar de Salinger, refuse les interviews et fuit les salons littéraires, les séances de dédicaces et les cocktails. On ne connait de lui que cette photographie.
L'Hospitalité des voleurs (HB Editions, octobre 2006)
Truxton Orcutt dans ce roman-monde foisonnant représente une voix nouvelle dans la littérature américaine de l'après 11 septembre. C'est aussi une énigme : caché sous de nombreux hétéronymes, signant le livre sous un pseudonyme emprunté à William Gass, élevant des alligators dans sa retraite floridienne sur le Bayou Garnier, Orcutt pourrait bien lui-même n'être qu'un personnage de roman, comme si l'américain qui se cache derrière son nom avait fait ses gammes chez Borges et Pessoa.
Anthologie ou Hantologie ?
L'Hospitalité des voleurs, Anthologie ou Hantologie ? De l'art de réveiller les fantômes : Emerson, Al-Madjlisi, Souong tseu, Ibn al-Koutoubî, Rumî, Raymond Marchand, Joëlle Duval, Nasruddin et les autres : ils tiennent la main de Truxton Orcutt. Leurs voix, nombreuses, parlent par sa bouche.
Hétéronymes de Truxton Orcutt dans L'Hospitalité des voleurs
Albert de Sempringham
Ralph Waldo Emerson
Muhammad Baqir al-Madjlisi
Nasruddin le Hodja
L'abbé Bergier
Tsi Ying tseu
Souong tseu
Joëlle Duval
Chad Zafirian
Le révérend Père Colinot
Raymond Marchand, "le Paul Bowles français de Tozeur"
Ibn al-koutoubî
Eléments de biographie
S’agissant de la biographie de Truxton Orcutt, qu’il suffise de savoir qu’il a 55 ans, qu’il est né à Natchez (Mississippi), qu’il a vécu dans le Nord-Ouest des Etats-Unis, au Texas, au Nevada, en Louisiane, en Floride, qu’il a perdu sa jeunesse au Vietnam dans une unité combattante, sur le Plateau de Kontum d’où il est revenu mélancolique et pacifiste ; qu’il a, comme de nombreux autres écrivains américains, exercé une foule de métiers durant sa longue et nomade jeunesse estudiantine — tueur de cochons chez les fermiers du Mississipi, laveur de carreaux, barman à Waco (Texas), récupérateur de biens pour une agence de détectives privés à Reno, croupier à Las Vegas, vidangeur de fosses d’aisance à Boise (Idaho), guide de pêche dans les Keys, en Louisiane chauffeur-livreur, concierge dans une résidence universitaire, garde du corps et agent artistique exclusif de Miss New Orleans 1982, laveur de carreaux un peu partout — avant d’obtenir très tardivement un poste de professeur en littérature comparée à la Nicholson State University à Thibodaux, Louisiane, où il a enseigné durant un peu plus d’une dizaine d’années.
A l’issue de sa polémique très violente avec son confrère, l’austère Professeur Andrews de l’Université de Madison (Wisconsin), Truxton Orcutt a choisi à la fin du second semestre 2003 de démissionner de l’Université pour se retirer dans une maison en bois à Shalimar (Floride, Comté d’Okaloosa, 711 âmes au dernier recensement en 2000), sur le Bayou Garnier non loin de la base militaire d’Eglin (« un coin idéal, sans moustiques parce que l’USAF[1] y déverse des tonnes d’insecticide », déclara alors Orcutt dans une interview téléphonique entrecoupée de morceaux stridents de Franck Zappa, donnée à une heure du matin à une radio locale pour motards[2]).
Depuis l’année 2003, Truxton Orcutt parvient à vivre de sa plume, et complète utilement ses revenus grâce à un élevage d’alligators d’une soixantaine de têtes sur le Bayou Garnier, dont il s’occupe avec ses deux fils, Everett et Zack[3]. Orcutt refuse d’être photographié, et il ne participe à aucune manifestation littéraire, plus par aversion pour les mondanités que par manque d’intérêt pour les rencontres, qu’il préfère en petit comité. C’est un ours, qui concède cependant quelques interviews, et ne vit pas en ermite. Il connaît bien la France pour avoir été marié quelques temps à une française, et ne perd pas une occasion d’y séjourner. Truxton Orcutt se définit comme un multirécidiviste du divorce, et vit actuellement en célibataire : « Je me trouve très bien tout seul avec Wally Gator[4] : en comparaison de ma dernière femme, mes cochons verts des bayous sont doux comme des agneaux »[5].
[1] USAF : « U.S. Air Force ». Dans l’interview dont Truxton Orcutt m’a envoyé une cassette audio, il prononce ostensiblement « Youssef » avec l’accent arabe.
[2] Cassette audio communiquée par l’auteur : « Truxton “Gator” Orcutt back to Wild Nature now », Interview by Jed “Cool” Meers, ABR (Alabama Bikers Radio), 31.10. 2003.
[3] Les aléas du calendrier et le temps passé sur la présente traduction ont fait que celle de Pieces and Pictures of medocan litterature, postérieur de quatre ans à Hospitality of Thieves, a paru, illustrée par le photographe bordelais Alain Béguerie, il y a quelques mois. J’ai joint à ce petit livre une interview, initialement publiée par SWAAR (South Writers And Artists Review), de Truxton Orcutt par Mercedes J. Lool, critique et galeriste à Orlando (Floride). L’entretien, qui s’est déroulé chez Truxton Orcutt, donne une idée assez précise de son cadre de vie dans sa retraite floridienne. Cf. Truxton Orcutt et Alain Béguerie, Anthologie illustrée de la littérature médocaine, Traduit de l’américain (USA), préfacé et annoté par Jérôme Delclos, Pessac, La Part des Anges, 2005.
[4] Wally the Gator : alligator pacifique de dessin animé des Productions Hanna et Barbera, portant cravate et chapeau mou.
[5] Lettre électronique à Jérôme Delclos, 8 mars 2004.
Le petit Jesus
Une naissance le 25 décembre 2006 à Shalimar, Floride
Emmy, femelle alligator de 9 ans, a pondu 5 oeufs parmi lesquels le premier éclos, le 25 décembre 2006. Truxton a choisi de le nommer Jesus.
2 commentaires:
en quoi consiste ce blog ???
Le blog est prévu pour échanger des impressions, des critiques, des infos au sujet de Truxton Orcutt et de son roman L'Hospitalité des voleurs.
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